l’envol du céramiste

Né en 1948 au Maroc, Alain Bresson doit sa vocation de sculpteur à sa grand-mère. Dès son plus jeune âge, il se consacre au modelage et décide de devenir céramiste à onze ans.Après un CAP de façonnier en faïence, le jeune homme intègre les Arts décoratifs de Nice pour un bref séjour. Il deviendra pendant quelque temps assistant du professeur de la section céramique à l’école de Monaco avant de rencontrer Pablo Picasso grâce à son tourneur. Mais le regard fulgurant du maître l’effrayera. En 1968, l’étudiant passe l concours d’entrée à la manufacture nationale de Sèvres. Reçu premier de sa promotion, il déclinera l’offre d’embrasser une carrière déjà toute tracée.

A Reims et à Epernay

Après avoir travaillé dans plusieurs ateliers de renom, l’artiste s’installe dans l’arrière-pays mentonnais et fabrique une poterie utilitaire en contradiction avec l’esprit « baba cool » de l’époque. Présentant des œuvres dans des concours internationaux de céramique, il obtient en 1980 le premier prix de la Biennale internationale de Vallauris et le deuxième prix de Faenza. Cette notoriété lui vaut de nombreuses expositions à partir de cette époque. Il exposera dans toute la France, de nombreux pays d’Europe mais aussi au Japon. Il sera accueilli trois fois dans la Marne : à l’espace Libergier de Reims en 1994, à la galerie des émibois à Epernay l’année suivante et au château de Brugny un an plus tard.

Peu de temps après, à cause de ses prises de position sur les droits de l’homme, Alain Bresson démissionne de l’académie internationale de la céramique où il siégeait depuis 1982. Lassé par un travail répétitif demandé par les galeries et autres professionnels, il passe de la finesse et de la préciosité de la porcelaine à une œuvre plus expressionniste allant jusqu’à réaliser des pièces monumentales de plusieurs tonnes. Le sculpteur passe alors de la terre au béton. De cette époque, datent « Les sentinelles » et « Les marcheuses ». Avec sa série des « Chats », il traite un sujet commercial avec une facture expressionniste.

Le poisson est devenu aujourd’hui son sujet de prédilection. Il l’appréhende sous de multiples formes en témoignant à travers cette symbolique de nos inquiétudes et contradictions. Après avoir réalisé de grands séchoirs à poissons multicolores, vision d’ethnies oubliées, il abandonne les plus hautes températures et passe au froid en colorant son modèle aquatique dans la glace pour un faire ensuite des photographies. aujourd’hui ses dernières sculptures apparaissent sous la forme de cœlacanthe, chaînon manquant, des poissons sur pattes qui évoquent nos origines.

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A Joinville, le peuple des douves

Les poissons d’Alain Bresson

Dans tout le parc derrière l’édifice, Alain Bresson a dressé d’autres sculptures, tout aussi colorées, très aériennes, à la gloire des habitants des eaux. Réalisées en bois et caoutchouc associés tour à tour à du métal, de la porcelaine ou terre cuite, elles hantent la terrasse comme une dérisoire comédie humaine de pantins plantés sur des échasses, le corps tout gris, la tête et les arêtes plus bigarrées.

Quelques-unes de ces figures animales ont été placées dans les niches de la gentilhommière qui, naguère, avait hébergé des statues comme des fossiles d’un autre temps. Sur un des canaux, un cheval des mers semble avoir été sculpté dans l’élan de sa chevauchée marine.

L’équidé paraît vouloir gagner la chapelle située au rez-de-chaussée de la bâtisse seigneuriale. Là, quelques chats en terre cuite témoignent de l’inspiration antérieure de l’artiste.

Mais l’essentiel des pièces exposées relève de la production récente de ces deux dernières années. D’ailleurs, la gent piscicole est encore fortement représentée dans l’ancien lieu de prières à travers des photographies. Elles illustrent un aspect du travail du sculpteur autour de ce thème obsessionnel avec lequel il s’interroge sur l’homme, ses vaines aspirations et la perte de son paradis originel.

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